Un Avis a été déposé par les Amis du Boisé Neilson dans le cadre de la consultation publique de la Ville de Québec portant sur la règlementation d’urbanisme qui vise la protection des arbres, de la forêt urbaine et des boisés urbains (R.V.Q. 2995 et R.V.Q. 3001).

Pour consulter le document complet: Tous les arbres comptent !

Extrait de l’Avis déposé 

On considère désormais les arbres en milieu urbain comme faisant partie d’un patrimoine naturel commun qui appartient à la communauté. En effet, les services écologiques, sociaux et esthétiques que nous rend la forêt urbaine présentent un intérêt collectif indéniable, tant pour les citoyen-nes, leurs enfants que pour les gestionnaires des grandes villes. Pourtant, à l’encontre de ces bénéfices bien connus, des abattages ont récemment provoqué la désolation chez les citoyen-nes de notre ville qui n’avaient pas été mis au courant de travaux devant transformer à jamais leur environnement et faire reculer notre indice collectif de canopée. Le moment est venu, comme à Gatineau et Laval, de revoir la réglementation et le paradigme qui ont conduit à abattre autant d’arbres en si peu de temps dans la Capitale-Nationale.

Dans cet Avis, les Amis du Boisé Neilson débutent par des considérations sur la valeur des arbres et des boisés urbains. Ils insistent sur la nécessité de mieux servir l’intérêt public en suggérant que la population soit informée de tout travaux d’aménagement pouvant altérer ou dégrader leur milieu de vie. Nous recommandons ensuite diverses mesures qui visent à restreindre ou, et ce en dernier recours, à mieux encadrer l’abattage des arbres. Enfin, la conservation intégrale du massif forestier unique qu’est le Boisé Neilson devrait, selon nous, faire l’objet d’une attention particulière de la part des gestionnaires de notre ville. L’esprit qui anime les considérations qui vont suivre est de faire de Québec la ville la plus innovatrice en matière de protection de la canopée urbaine, la capitale dont toutes les grandes villes s’inspirent lorsqu’il est question de protéger le couvert forestier en milieu urbain.

Contexte

La Ville de Québec a organisé une séance d’information en ligne le mardi 24 août dernier qui est suivie d’une consultation publique au sujet de deux projets de réglement visant à favoriser la réalisation de sa Vision de l’arbre 2015-2025 en modifiant respectivement son Réglement d’harmonisation sur l’urbanisme et son Réglement sur le plan directeur d’aménagement et de développement (PDAD). D’une durée de 15 jours, la consultation se fait de manière écrite.

Étant donné que plus de 120 personnes ont assisté au webinaire en ligne, on comprend que la protection de la forêt urbaine est une préoccupation partagée par de nombreux citoyens. L’annonce de cette première étape dans la révision de la réglementation doit être accueillie avec soulagement et intérêt par la population de la Capitale-Nationale.

Cet intérêt n’est pas étranger à des événements qui ont provoqué la consternation chez celles et ceux qui ont assisté à des abattages massifs sans information ni justification préalables. Par ailleurs, on apprenait en juin dernier que la Vision de l’arbre, malgré les efforts déployés pour contenir l’agrile du frêne et planter des arbres, n’a pas donné les résultats escomptés.

Recommandations

En contexte de crise climatique, de recul de la canopée et de déclin rapide de la biodiversité, il faudrait d’abord reconnaître que nous coupons trop d’arbres à l’intérieur du périmètre d’urbanisation. Alors que couper un arbre en milieu urbain devrait être l’exception, il semble que les abattages consentis sont la règle. Nous recommandons qu’une analyse soit faite pour identifier la part du recul actuel de la canopée urbaine associée aux abattages.

Bien que chaque contexte d’abattage diffère, il faudrait reconnaître que les citoyens sont trop souvent placés devant le fait accompli ou face à une décision unilatérale. Si cette consultation pallie en partie à ce déficit démocratique, nous estimons que l’acceptabilité sociale devrait être un critère nécessaire à l’autorisation d’abattre des arbres en milieu urbain. C’est ainsi que nous recommandons que soit ajoutée aux nouvelles dispositions normatives l’obligation de rendre publique toute autorisation d’abattage d’arbres en propriété publique ou privée.

Compte tenu des services que les arbres rendent à la collectivité, il faudrait concevoir la forêt urbaine comme un maillon essentiel de notre Stratégie de développement durable. En cela, il s’agirait de reconnaître que les arbres et les boisés urbains font partie d’un patrimoine naturel commun à la manière vaste d’un réseau d’infrastructures naturelles. À partir de ce changement de paradigme, on ne dilapidera plus le bien commun de nos enfants en affirmant que le développement l’exige ou que des plantations à venir remplaceront les arbres abattus.

Tant que l’indice de canopée demeure inférieur à 35 %, nous recommandons que l’intégrité de tous les boisés urbains soit maintenue par la réglementation, notamment par le RVQ 3001. Concernant les aires vertes visés par le RVQ 2995, de nouvelles mesures de restriction à l’abattage, des amendes ou des redevances réglementaires devraient être envisagées.

Parmi les pistes d’action qui permettent d’identifier les boisés urbains à protéger, il importe de reconnaître les services à la collectivité rendus par les milieux naturels. C’est pourquoi, en tirant les leçons de la pandémie, nous recommandons que les boisés urbains qui bénéficient d’une forte appropriation citoyenne fassent l’objet d’une attention toute particulière.

Tant que l’indice de canopée demeure inférieur à 35 %, nous recommandons que l’intégrité de tous les boisés urbains soit maintenue par la réglementation, notamment par le RVQ 3001. Concernant les aires vertes visés par le RVQ 2995, de nouvelles mesures de restriction à l’abattage, des amendes ou des redevances réglementaires devraient être envisagées.

Parmi les pistes d’action qui permettent d’identifier les boisés urbains à protéger, il importe de reconnaître les services à la collectivité rendus par les milieux naturels. C’est pourquoi, en tirant les leçons de la pandémie, nous recommandons que les boisés urbains qui bénéficient d’une forte appropriation citoyenne fassent l’objet d’une attention toute particulière.

Conclusion

La valeur écologique de certains grands boisés a déjà été reconnue par la Ville de Québec. Cette reconnaissance n’est certes pas fortuite. Il se trouve que, sans égard à son Répertoire des milieux naturels d’intérêt, qui n’a été élaboré qu’à « des fins de connaissance du territoire et non de réglementation », le Plan directeur des milieux naturels et de la forêt urbaine, prend l’exemple du Boisé Neilson pour définir la richesse et la diversité écologiques :

« La richesse réfère à la diversité d’espèces floristiques et fauniques. Ce critère fait valoir des habitats à grande valeur écologique caractérisés par la présence d’espèces plus méri-dionales comme l’érablière sucrière, l’ostryer de Virginie et le noyer cendré du parc de la Montagne-des-Roches. Il favorise aussi la sélection de sites de grande superficie composés d’une variété de peuplements ou d’habitats comme le boisé du boulevard Nielson. »

Forts d’une pétition de plus de plus de 5800 noms, les citoyen-nes de la Pointe-de-Sainte-Foy appuient majoritairement la conservation du Boisé Neilson et s’opposent démocratiquement à la réglementation qui projette de développer, à des fins de densification résidentielle, 60 % de ce milieu naturel. En discussion avec des partenaires variés, les Amis du Boisé Neilson recommandent que la mise en valeur de ce boisé passe par une appropriation collective.