TOUT LE DOSSIER

Voici les principaux textes publiés sur Facebook ou ailleurs qui résument la tumultueuse histoire du Boisé des Compagnons! Cet article est une première ébauche pour informer les citoyen.es préoccupé.es par le sort de ce boisé. Les principaux jalons sont :

  • Un vestige de la forêt de la Pointe-de-Ste-Foy et sa contribution à la biodiversité
  • Automne 1989 : Comité de sauvegarde du Boisé des Compagnons avec Silva Weis
  • Printemps 1993 : Report d’un règlement de zonage qui aurait ouvert la voie à la spéculation
  • 2001 : Par expropriation, la CCNQ se voit confier pour conservation 13 des 17 ha du boisé
  • Juin 2022 : la CCNQ redonne le terrain convoité au CSS des Découvreurs sans contrepartie et ni exigence de conservation
  • Février 2025 : Le CSS des Découvreurs annonce sur son site son projet d’agrandissement du Collège directement dans le Boisé des Compagnons.
  • Mars 2025 : En mode solution, les personnes inquiètes se regroupent et forment Les Ami.e.s du Boisé des Compagnons.

Important: ce dossier est constitué au meilleur de notre connaissance sur la base des informations très partielles dont les citoyen.nes disposent présentement. Merci de nous aviser de toute erreur ou inexactitude qui sera corrigée dès que possible.

BIODIVERSITÉ | Tout en propriété publique, le Boisé des Compagnons est classé au Registre des milieux naturels d’intérêt de la Ville de Québec en 2005

Contrairement au Boisé Neilson dont seulement une partie semblait d’intérêt écologique aux yeux de la Ville de Québec qui souhaitait en développer 60%, tout le Boisé des Compagnons-de-Cartier présente un intérêt de conservation selon le répertoire de 2005 réactualisé en 2014.

À l’époque, la propriété de la Commission de la capitale nationale (CCNQ) faisait 13 hectares auxquels s’ajoutaient les 4 hectares appartenant à la Commission scolaire des Découvreurs. La Ville reconnaît alors qu’il s’agit d’un vestige d’une vaste forêt ancienne.

« Le boisé des Compagnons-de-Cartier a été acquis par la Commission de la capitale nationale du Québec en 2001 à des fins de conservation et de récréation. D’une superficie de 16,7 hectares, il constitue un vestige d’une forêt plus étendue qui a disparu au profit de l’urbanisation. Le boisé est dominé par les feuillus, mais la présence de conifères marque certains secteurs. On dénombre une quinzaine d’espèces d’arbres, notamment l’érable rouge et l’érable à sucre. Un sentier pédestre aménagé, long de 1,5 km, permet l’observation de la nature et la pratique d’activités. Il est relié au boisé de Marly par un lien piétonnier qui traverse le chemin des Quatre-Bourgeois.»

À 100% en propriété publique, le boisé est formé de 16 unités dont des érablières rouges, des érablières sucrières matures et une hêtraie. On note la présence de beaux spécimens de chênes rouges, de pruches et même d’épinettes rouges.

📌Fait important : l’unité 4, qui enserre la portion sud de l’école et son complexe sportif relevant du Centre de services scolaire, est composé d’une érablière rouge humide, d’un peuplement forestier qui croît en zone humide et accroit à sa valeur pour la biodiversité.

Ces informations justifient toute l’attention que les Amis du Boisé Neilson, Vigilance arbres Sainte-Foy et le CRE de la Capitale lui accordent présentement.

HISTOIRE | Fruit d’une remarquable mobilisation citoyenne inspirée par Silva Weis, la conservation du Boisé des Compagnons n’a jamais été assurée depuis 1989 !

À partir de l’automne 1989, un comité de sauvegarde du Boisé des Compagnons est mis sur pieds et entre en action grâce au leadership de Silva Weis (1945-2022). Le mouvement citoyen se nomme la Coalition pour la protection du boisé des Compagnons-de-Cartier.

C’était donc 30 ans avant l’arrivée des Amis du Boisé Neilson (2020). Entre ces deux moments, la défense de la forêt urbaine de la Pointe-Sainte-Foy est surtout assurée Johanne Elsener du Comité des arbres de Sainte-Foy puis de l’organisme Québec Arbres.

Dans une entrevue signée Ça marche Doc et diffusée en 2018, Silva Weis rappelait que plus de la moitié de la superficie boisée de la Pointe-Sainte-Foy aura été détruite par le développement au cours de 30 dernières années. Les boisés de Marly, Neilson et des Compagnons ont tous été amputés pour faire place à du développement résidentiel de haute densité depuis 1988.

Au printemps 1993, la Coalition se mobilise contre un projet de dézonage (le règlement 3345 de la Ville de Sainte-Foy) favorisant le développement résidentiel. La Commission scolaire des Découvreurs souhaite alors vendre les terrains se trouvant à la pointe est du boisé (à l’angle Quatre-Bourgeois et des Compagnons) et représentant 15% d’une zone publique.

La Commission scolaire souhaite se départir de 425 000 pieds carrées (4 hectares) pouvant rapporter jusqu’à 3 millions de dollars pour couvrir les frais de construction de l’École des Grandes-Marées qui ouvrira ses portes en septembres 1993 à Cap-Rouge.

Outre l’écrivain Serge Mongeau des Amis de la Terre, la Coalition peut compter sur l’appui de l’arboriculteur Jean Lamontagne qui a fait une première estimation de la richesse écologique du boisé d’une superficie de deux millions de pieds carrés (18,5 hectares). Jean-Sébastien Bouchard, alors étudiant en biologie, rappelait cordialement à la mairesse Boucher que le Boisé des Compagnons n’est pas «un amas de fardoche».

Merci à Johanne Elsener de nous voir qui transmis des documents tirés des archives de Silva Weis.

MOBILISATION | Au printemps 1993, la Coalition pour la protection du Boisé des Compagnons faisait reculer la Ville de Sainte-Foy

Si la conservation du boisé n’a jamais été assurée malgré les paroles rassurantes, les citoyens ont remporté d’importantes batailles en 1993 et en 1999.

Au printemps 1993, à l’initiative de Silva Weis, le comité de sauvegarde obtient le report d’un règlement de zonage touchant deux lots (le règlement 3345) et qui aurait permis de « bétonner le boisé » en « ouvrant la voie à la spéculation immobilière ».

Forçant une « consultation » en se présentant massivement à la séance du conseil du lundi 3 mai, plus de 150 citoyens ont signifié à la mairesse Andrée Boucher qu’ils ne font pas confiance à la Commission scolaire des Découvreurs qui souhaite vendre des terrains à des promoteurs.

À l’époque, la mairesse Boucher et la Commission scolaire cherchent à rassurer les citoyens en affirmant que la construction domiciliaire n’aurait pas lieu dans les secteurs boisés…

Par voie de communiqué, la Commission scolaire affirmait alors son intention de préserver intégralement le boisé des Compagnons-de-Cartier, ce que la mairesse a tenu à lui rappeler en exigeant qu’elle fasse davantage pour la conservation du milieu naturel…

Le Centre de services scolaire des Découvreurs est-il encore prêt à affirmer publiquement, comme en 1993, qu’il s’engage à protéger intégralement le Boisé des Compagnons ? 

COUP DE THÉÂTRE | En 2001, la conservation provisoire du Boisé des Compagnons était rendue possible par une acquisition de la Commission de la capitale nationale (CCNQ)

Au cours des années 1990, la Commission scolaire des Découvreurs (CSD) était aux prises avec des problèmes financiers liés à son siège social. C’est pourquoi, elle choisit d’offrir le Boisé des Compagnons-de-Cartier à des promoteurs immobiliers. La décision fait toujours débat en 1999.

Selon Réjean Bernier, alors président des Amis des boisés de Sainte-Foy, «la démarche de la CSD est d’autant plus discutable qu’en 1993, la CSD avait vendu 30% du boisé à un promoteur et avait demandé à la Ville de changer le zonage, ce qui n’avait pas eu lieu.» On se rappelle que le comité citoyen mené par Silva Weis avait eu gain de cause auprès de la mairesse Boucher.

«C’est une question d’éthique et de conscience collective, croit Claude Lemieux, du Comité de protection de l’environnement de l’ouest de Québec. Il n’est pas question de vendre un bien [appartenant] à la communauté, qui a des centaines d’années et qui est unique, pour acheter du plastique, du placoplâtre et des fils qui vont durer 20 ans. La solution est d’en faire une forêt urbaine […]»

À l’époque, rappelle Alexandre Turgeon l’actuel directeur-général du @CRE de la Capitale-Nationale, «le député Paul Bégin, alors ministre responsable de la Capitale, était convaincu du mérite de la protection. Il avait même emmené la mairesse Boucher prendre une marche pour la sensibiliser, et il avait engagé le processus pour que la Commission de la capitale nationale (CCNQ) achète le boisé afin d’empêcher sa vente à des promoteurs immobiliers».

Les Amis des boisés, Claude Lemieux et Réjean Bernier, travaillaient dans le même sens en soulignant l’intérêt du maire de Québec, Jean-Paul L’Allier, «qui leur avait donné son appui».

«Le Boisé des Compagnons-de-Cartier faisait partie de nos trop rares victoires, se remémore Alexandre Turgeon. On avait engagé plus de 10 000$ en 1999 dans une habile campagne de sauvegarde.» Parmi tant d’autres, les cartes postales à envoyer au Ministre de l’éducation de l’époque, François Legault, faisait partie de nos actions.

DÉCEPTION | La Commission de la capitale nationale cédait, en juin 2022, le Boisé des Compagnons au Centre de services scolaire des Découvreurs

Lors d’un point de presse extérieur de la ministre Geneviève Guilbault, on apprend que la CCNQ redonne le Boisé des Compagnons au CSS des Découvreurs. Triste ironie de l’histoire!

Le motif de la cession n’est jamais livré publiquement, mais, seule nouvelle encourageante, «le boisé sera préservé dans son état naturel». C’est ainsi qu’un boisé est légué «pour la postérité»!

On a alors laissé entendre qu’il y avait eu une demande de la brigade verte de l’école, mais on ne fait pas cadeau d’un milieu naturel de plusieurs millions de dollars à quelques jeunes d’une polyvalente qui profitent d’un boisé pour leurs activités éducatives ou parascolaires…

L’enjeu est ailleurs. Il y a donc anguille sous roche.

Le directeur général du Centre de services, Christian Pleau, se veut convaincant : «Cette cession s’avère un gage de développement durable pour la communauté. Du même coup, cela met un terme aux craintes de déboisement en vue d’un éventuel développement résidentiel, croit-il.»

Déception, pour plusieurs raisons.

D’abord, parce que la CCNQ a utilisé d’importants fonds publics pour acquérir le boisé de la Commission scolaire afin de le soustraire à l’appétit des promoteurs et qu’elle le cède, semble-t-il gratuitement, à un organisme qui a toujours chercher à le développer, sinon à l’exploiter.

Le CSS des Découvreurs a désormais d’immenses responsabilités à l’égard de la communauté et de son milieu naturel d’intérêt puisqu’il a eu le beurre et l’argent du beurre! Rien de moins.

Ensuite, parce qu’il est difficile de croire que le motif évoqué soit sérieux étant donné la valeur foncière du lot que possédait la CCNQ, à savoir 13 hectares qui, au Boisé Neilson, vaudraient plus de 25 millions au bas mot! On ne fait pas un tel cadeau sans raison…

Enfin, parce que la CCNQ disposait déjà de la gestion de deux boisés auxquels devait s’ajouter la conservation du Boisé Neilson. Le potentiel pour créer un véritable parc national en milieu urbain s’évanouit avec cette cession incompréhensible. Après la déception, la tristesse.

DÉCRET | Le Centre de services scolaire des Découvreurs annonce son projet d’agrandissement du Collège directement dans le Boisé des Compagnons, mais sans le mentionner…

Le lundi 10 février, le CSS publiait sur son site une nouvelle. Il faisait connaître son projet d’ajout d’une vingtaine de classes modulaires au Collège des Compagnons pour la rentrée 2026.

Si personne n’est contre l’idée d’ouvrir des classes pour nos jeunes, un tel projet ne se réalise pas sans acceptabilité sociale. En 2001, ce sont des intérêts publics qui ont financé le transfert du boisé à la CCNQ (à hauteur de 5 millions de dollars) puis, en 2022, le CSS bénéficiait de sa rétrocession sans contrepartie ni engagement à le protéger par un mécanisme juridique approprié.

Le CSS a désormais une responsabilité morale considérable à l’égard de la communauté dont il est redevable en tout point. Il ne peut prendre aucune décision touchant le boisé sans avoir obtenu l’accord des citoyens, sans respecter les règles qui protègent les milieux naturels d’intérêt ni déposer une étude d’impact environnemental recevable.

Alors qu’un dialogue s’était ouvert entre la direction de l’école, le CSS et des partenaires de la communauté (dont les Amis) pour élaborer le meilleur projet en tenant compte de la proximité du boisé et des contraintes de l’institution, les décideurs du CSS ont procédé à leur annonce de manière unilatérale alors que des discussions étaient prévues avec d’autres organismes.

«L’emplacement de cette nouvelle aile [décrète-t-il] a été déterminé dans les derniers jours, après l’analyse de différents scénarios et la prise en compte de plusieurs éléments.» Le choix retenu, ni mentionné sur le site ni précisé par Radio-Canada, c’est le Boisé des Compagnons à proximité de la porte 4, au sud du complexe sportif.

Plutôt que de rechercher l’acceptabilité sociale requise pour un projet dont le site n’existe qu’en vertu de l’engagement de toute une communauté, on a préféré passer sous silence le fait que l’emplacement choisi implique une destruction de milieux humides d’intérêt inscrits au Plan régional des milieux humides et hydriques (PRMHH).

Il faut savoir que trois scénarios avec impact ont été évalués et qu’un scénario sans impact a été proposé depuis la publication de la nouvelle. Or les Amis du Boisé Neilson font valoir qu’il est possible d’implanter l’aile modulaire à la porte 5 grâce à un scénario équivalant à «zéro perte nette» de canopée (avec du verdissement après déminéralisation).

Alors que nous avions demandé une étude d’impact environnemental pour chaque scénario, assurant la direction du Collège qui nous étions prêts à défendre publiquement (!) la meilleure option, le CSS a fait son annonce en ignorant les appuis à obtenir de la communauté.

Dans un tel contexte, la @Ville de Québec n’a d’autre choix que d’exiger des explications et lui refuser les permis nécessaires à la destruction d’un milieu naturel d’intérêt. Le @CSS devra refaire ses devoirs et, pourquoi pas, les faire correctement pour éviter de redoubler.

ÉCOMUTISME | Quand un centre de services scolaire menace de destruction un boisé sans le dire ni faire connaître les alternatives compatibles avec le développement durable

Nous avons rapporté sur cette page une décision prise unilatéralement par le CSS, une décision malheureuse qui ignore tout de l’acceptabilité sociale : il s’agit du scénario porte 4 (ou rectangle jaune) qui privilégie un agrandissement du Collège directement dans le Boisé des Compagnons plutôt que celui (porte 5 ou rectangle vert) qui permettrait d’atteindre l’objectif «zéro perte nette de canopée» en misant sur une vaste surface déjà minéralisée et du verdissement conséquent.

Mais pourquoi l’annonce de nouvelles classes au Collège sur le site du CSS dissimulait-elle la destruction d’un milieu naturel d’intérêt planifié selon le scénario retenu? Pourquoi aucune analyse d’impact environnemental des divers scénarios étudiés n’est à ce jour disponible ?

On appelle écomutisme, le comportement d’une organisation qui consiste à taire de manière délibérée ses pratiques de développement durable ou son bilan environnemental. Un tel choix peut être effectué pour éviter l’obligation de rendre des comptes sur ses propres objectifs. Est-ce de l’écomutisme que de taire la dégradation d’un milieu naturel que l’on est en train de planifier, car la décision est incompatible avec le motif pour lequel on a hérité dudit milieu?

Est-ce que le @CSS des Découvreurs pratique l’écomutisme? À vous de juger et surtout de lui signifier si c’est le cas, car il en va de l’avenir du Boisé des Compagnons et de la belle histoire que tant de gens dévoués travaillent collectivement à écrire.

EN MODE SOLUTION | Dans le Soleil, les Amis ont défendu un scénario alternatif qui éviterait la destruction du Boisé des Compagnons [extraits]

«Récemment, avec la direction de l’école et une représentante du @CSS des Découvreurs, nous avons eu le plaisir de faire une visite de courtoisie au Collège des Compagnons. L’objet de la rencontre était de discuter des scénarios à l’étude en vue de l’agrandissement de l’école […]

Or, on peut se demander quelle logique comptable, quel tableau de couts-bénéfices ont poussé le CSS à privilégier un scénario d’agrandissement directement dans le Boisé des Compagnons, au sud du complexe sportif? Selon l’analyse pondérée qu’elle a produite, la protection du boisé qui fait la fierté de l’école […] n’a pas pesé lourd dans la balance.

Par ailleurs, il semble qu’on ait […] délaissé l’option de positionner la nouvelle aile au niveau de la porte 5, option qui aurait des conséquences limitées sur le boisé. Celle-ci a en effet l’avantage de se situer en majorité sur une surface déjà minéralisée. Cette option, accompagnée d’un projet de verdissement conséquent, serait compatible avec l’objectif d’«aucune perte nette» de canopée.

Alors qu’un projet exemplaire est encore possible, le CSS a opté pour un scénario qui provoquera immanquablement une levée de boucliers dans la communauté et parmi les organismes de défense de l’environnement. C’est dommage, mais l’acceptabilité sociale a un prix! Pour que son projet ne soit pas un échec, nous proposons au CSS de refaire ses devoirs […]»

NB : tous les élu-es qui soutiennent les Amis ont été mis avisés de la publication de cette lettre. On s’attendrait à ce que, ne cédant pas à l’opacité du CSS, ils exigent des explications et un projet d’agrandissement qui tient compte de l’intégrité du Boisé des Compagnons.